Festivals « Pay to Win » : quand la sélection s’achète… et ne vaut rien
Festivals pay to win : quand la sélection s’achète… et ne vaut rien
Chaque année, des centaines de festivals de courts-métrages apparaissent sur les plateformes de soumission. Si beaucoup sont sérieux, engagés et soucieux de qualité, d’autres surfent sur l’espoir des jeunes réalisateurs pour vendre de la reconnaissance… au prix fort. Bienvenue dans l’univers des festivals dits « pay to win » — des événements qui promettent une sélection (voire un prix) tant que vous sortez la carte bleue.
Mais derrière les lauriers faciles, que valent réellement ces distinctions ? Et surtout : comment les repérer, les éviter, et choisir les festivals qui méritent votre film ?
Festival pay to win : définition et fonctionnement
Un festival « pay to win » est un événement qui valorise le paiement plus que la qualité du film. Le principe est simple : chaque soumission rapporte de l’argent, et pour motiver les réalisateurs à postuler, ces festivals garantissent ou multiplient les sélections. Plus vous payez, plus vous avez de chances d’être « reconnu ».
Ils créent parfois des catégories à l’infini (meilleur acteur, meilleure affiche, meilleure équipe technique, meilleure scène de nuit, etc.) pour pouvoir donner un prix à presque chaque film. Certains affichent même plus de 100 prix remis par édition.
Parfois, il peut y avoir des projections, mais elles se déroulent dans des conditions douteuses : un bar vide, une cave sombre, quelques chaises pliantes, une qualité de projection médiocre… Loin d’un véritable événement de cinéma. Aucune exigence artistique, aucun jury professionnel, et au final, très peu de visibilité réelle : tout reste superficiel et déconnecté du monde professionnel.
Pourquoi les festivals pay to win sont un piège à éviter
Lorsqu’on débute, une sélection ou un prix fait toujours plaisir. On a envie de laurier, de reconnaissance, de visibilité. Et ces festivals « pay to win » le savent. Ils jouent sur la fierté et l’illusion de réussite.
- 💸 C’est de l’argent perdu : 10 à 70 € par soumission, pour une ligne dans un palmarès qui n’impressionne personne.
- 🤥 C’est trompeur : vous pensez avoir franchi une étape, mais ce n’est qu’un miroir aux alouettes.
- 🧱 Ça nuit à votre crédibilité : dans un dossier de production ou une biographie, ces sélections ne valent rien. Au contraire, elles peuvent éveiller les soupçons.
- 😓 Ça démotive : on pense avoir « tout bien fait »… mais rien ne se passe. Pas de contacts, pas de retours, pas de public.
Comment repérer un faux festival de court-métrage ?
- Le prix ou la récompense promise n’est rien de plus qu’un PDF de laurier à imprimer soi-même, ou une feuille A4 envoyée par mail, sans cérémonie, sans trophée, sans trace tangible.
- Il propose une vingtaine de catégories, souvent farfelues : meilleur acteur enfant, meilleure affiche, meilleur bruitage, meilleure scène de course, meilleur twist de fin, etc.
- Il accepte tous types de films, sans restriction claire : aucune limite de durée, aucune exigence de langue, parfois même aucune date de production. Tout est bon à prendre tant que vous payez.
- Il ne montre aucune projection réelle, ou alors uniquement des photos floues et peu engageantes.
- Il n’a aucun jury identifié, ou un jury générique non vérifiable
- Le site semble automatisé, impersonnel, souvent en anglais générique, parfois même inaccessible ou cassé. Il arrive aussi qu’aucun réseau social actif ne soit rattaché au festival.
Quand trop de lauriers tue le film
Certains pensent que ça impressionne. En réalité, dans le milieu professionnel, cela suscite souvent de la méfiance. Trop de lauriers, surtout avec des noms de festivals obscurs, envoie un signal : “j’ai payé pour être là”.
Un vrai palmarès, c’est :
- Quelques sélections bien choisies
- Des festivals identifiables, reconnus
- Une lisibilité sobre et élégante
Même si vous avez obtenu plusieurs sélections et prix, mieux vaut choisir les plus pertinents et lisibles pour votre affiche.
Quelles alternatives ?
- Commencez localement : festivals régionaux, étudiants, associatifs
- Visez les festivals à petit prix ou gratuits : via FilmFest, Shortfilmdepot, agenda Ciné Fest
- Lisez les critères : règlement clair, jury identifié
- Cherchez les projections réelles : présence d’un vrai public
- Utilisez un outil de sélection éthique : agenda Ciné Fest de Cinemads
FAQ – Foire aux questions
Comment savoir si un festival est “pay to win” ?
Vérifiez le nombre de catégories, l’absence de jury, de public ou de communication réelle.
Est-ce grave de participer à un faux festival ?
Non, mais cela peut nuire à votre crédibilité si vous en faites la promotion.
Où trouver des festivals fiables ?
FilmFest (France), Shortfilmdepot (Europe), agenda Ciné Fest (sélection éthique par Cinemads)
Conclusion
Les festivals « pay to win » vendent du rêve en échange de votre carte bleue. Mais ces rêves ne mènent nulle part.
Mieux vaut 3 vraies sélections que 30 fictions de reconnaissance.
Votre film mérite mieux qu’un PDF de laurier. Il mérite un vrai public.*