Qui est ce garçon ?

Qui est ce garçon ?

janvier 2024

Lieu de production : ile-de-france

Genre : drame

Synopsis

Un an après la mort de son frère, Sophie retrouve sa famille dans la maison de campagne de son enfance. La joie des retrouvailles est bien réelle mais la mort d’un enfant dans une famille reste un poids lourd à porter. Pourtant, Sophie ose aborder le sujet de l’homosexualité de son frère, mal tolérée dans un cercle familial qui semble d’un autre temps.
  • Les informations du film

  • Durée : 18  min

  • Budget : 2000€

  • Produit par : Satourne productions

  • Réalisation : Phénix du Lac

Note d’intention de la réalisatrice

Dans la campagne française, Sophie rejoint sa famille dans la maison de son enfance pour partager un repas d’apparence conviviale. Jeanne, sa grand-mère et maîtresse de maison, l’accueille chaleureusement, tout comme sa mère, Adélaïde, occupée à dresser la table. Mais Marc, son père, est loin de montrer une telle affection pour sa fille. Dès son arrivée, Sophie ressent le malaise de son père, mais n’en est pas surprise car cette réunion de famille n’a rien d’anodin, puisqu’elle a lieu un an après le décès de Thomas, l’aîné. Personne ne sait comment se comporter, ou bien quoi dire en cette date lourde de sens.

Comment accepter la perte d’un enfant ? Est-ce au moins possible ?

Si Jeanne et Adélaïde tentent de passer outre leur chagrin en faisant de cette journée un moment agréable pour tous, Sophie et Marc restent bloqués dans des non-dits et des silences qui ne tarderont pas à exploser. Quelques temps avant son décès, Thomas avait révélé son homosexualité à sa famille, révélation que Marc n’arrive pas à accepter. Il a aimé son fils, énormément, mais sa vision du monde et de la société l’empêche d’accepter totalement cette réalité. Maintenant que Thomas est décédé, les regrets, les secrets, et les mots ne peuvent plus être prononcés. La famille reste comme en suspens, la boucle n’est pas bouclée, et Marc ne pourra plus jamais s’expliquer avec son fils pour essayer de reconstruire leur lien qui semble à jamais rompu. Pour essayer de remédier à cela, Sophie invite Rémi au repas, le compagnon de Thomas dont le reste de la famille ignorait l’existence. En faisant cela, Sophie essaye de montrer à son père qui Thomas était réellement, que cela le rendait heureux, et que créer une image « parfaite » de son fils ne l’aidera pas à quitter ce monde en paix, et ne fera que plonger la famille dans un plus grand mensonge.

Pour moi, rien n’est plus propice à l’élaboration d’une tension autour de secrets et de mensonges qu’un dîner de famille. Nous ne choisissons pas notre famille. Elle nous est imposée. Nous n’avons pas à nous entendre avec tout le monde, mais il est tout de même difficile de la rejeter. Ici s’ajoute le poids immense de la perte d’un enfant, et du rejet de celui-ci à cause de son identité. La bonne entente de tous est simplement une façade, mais Sophie force sa famille à affronter la réalité : leur enfant avant construit une vie dans le secret à cause d’eux, et maintenant il ne pourrait plus jamais leur en parler sereinement. Or on peut rarement échapper à un dîner de famille qui peut parfois être ressenti comme un piège, un étau qui se resserre autour des personnages. Certains restent assis, fixent leur assiette pendant que d’autres, comme Sophie, excédés par les faux-semblants dictés par une société patriarcale, tentent, à la manière d’une Antigone moderne, de réhabiliter leur frère.
La chanteuse Pomme écrit dans sa chanson On brûlera : « je m’excuse auprès des dieux de ma mère et ses louanges. Je sais toutes les prières, tous les vœux pour que ça change. » Ces mots de la chanteuse m’ont beaucoup touchée : alors que les membres de notre famille devraient être ceux qui nous comprennent et nous respectent le plus, ce sont parfois ceux qui nous mentent le mieux pour préserver cette image familiale dictée par les codes d’une société d’un autre temps. Beaucoup de films, de livres, bercent notre enfance, surtout les petites filles comme moi, et ne font que parler de princesses, de princes, du grand amour… cet amour véritable est décrit comme le but de notre vie. Mais ici, alors que Thomas semblait avoir trouvé son amour, la bien-pensance lui crache que cet amour n’est pas bien, et que lui-même n’est pas normal. Ce dîner de famille permet également à plusieurs personnages de s’affirmer. Personnellement je suis une jeune femme de 20 ans, et ce thème de l’affirmation de soi, dans un milieu professionnel comme celui du monde du cinéma, ou bien dans un milieu personnel comme dans une famille, me touche particulièrement. Il s’agit pour moi, Sophie, Rémi, de prendre notre place, de montrer que nous existons, que nous faisons des choix réfléchis, que nous pouvons penser par nous-mêmes et que nous ne sommes plus des enfants. Sophie doit s’affirmer en tant qu’aînée après la mort de son frère, et également en tant que femme face à son père, le pater familias qui aurait préféré avoir un homme hétérosexuel comme aîné de ses enfants. Le combat de Sophie pour que sa voix soit enfin reconnue dans la famille fait écho au combat des féministes que je partage. Je veux montrer ce besoin de crier pour enfin être entendue et reconnue en tant que femme adulte, comme peut le faire le personnage de Julia Roberts face à sa mère dans « Un été à Osage County » de John Wells.Prendre sa place en tant que femme dans une société patriarcale, ou bien en tant que membre de la communauté LGBT+, est un combat (n’ayons pas peur des mots) dans lequel la famille devrait être le principal allié.

La scène du dîner de famille me permet de rentrer dans l’intimité des personnages. L’intimité familiale, mais aussi leur intimité propre. Que pensent Jeanne, Adélaïde, Marc, Sophie, Rémi de toute l’histoire ? Car chacun pense quelque chose, mais n’arrive peut-être pas à s’exprimer. Ils n’ont pas les mots, pas l’occasion, pas la volonté de s’imposer.

Ce huis-clos presque hors du temps est une occasion pour eux d’enfin le faire. J’aime les plans resserrés et les gros plans pour pouvoir souligner cette intimité et créer une proximité entre les personnages et également avec les spectateurs et spectatrices. Les gros plans sont pour moi une façon de faire littéralement corps avec les personnages, comme peut le montrer Xavier Dolan dans « Juste la fin du monde ». Chacun des protagonistes se développe tout au long du film. Ce dîner de famille peut presque être vu comme un rite de passage pour chacun, et j’aimerais laisser une certaine liberté aux acteurs qui les incarneront. Ce qui est important n’est pas forcément les mots qui sont dits, mais la façon de le dire, les gestes, mais également les mots qui ne sont pas prononcés, les silences, les regards. Chaque membre de la famille est en proie à une lutte intérieure qui l’empêche de simplement s’énerver, crier et partir, ou bien ne pas écouter l’autre et casser tous lien affectif, car il y a de l’amour dans cette famille, mais aussi beaucoup d’incompréhension. C’est pourquoi tous essayent de ménager les autres, mais tout en disant ce qu’ils ont sur le cœur, et parfois l’un ou l’autre n’arrive simplement plus à se retenir. Tous ces éléments combinés créent l’équilibre et le rythme du film qui oscille entre moments calmes, tendres, prise de tête, cris, douleur, douceur, regrets, écoute. La perte de Thomas et le rejet de son identité ont cassé cette petite famille. Ce repas est un moyen pour eux d’enfin se redécouvrir. C’est un message qui me paraît important et universel, quel que soit votre genre, votre couleur de peau, votre religion, votre sexualité…

Apprécier un moment en famille autour d’un bon repas convivial, n’est-ce pas plus agréable que de se braquer et se retrancher derrière des principes qui n’ont aucun fondement ?
Phénix du Lac

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